Le bébé était hospitalisé, inconscient. En 48h, les policiers ont découvert une vérité insoutenable…
À Clermont-Ferrand, deux enquêtrices aguerries de la brigade des mineurs, reçoivent un appel qui va les marquer à jamais : un nourrisson de trois mois est entre la vie et la mort. « Très pâle, les extrémités froides », des hématomes récents… et d’autres plus anciens. Le diagnostic tombe comme une lame : « syndrome du bébé secoué ».
Mais dans cette affaire, ni témoins, ni aveux, ni preuves directes. Juste un bébé silencieux… et deux parents devenus soudain les principaux suspects.
Le père et la mère sont placés en garde à vue. L’audition de la maman, d’abord en larmes, ne révèle rien de probant. Elle parle de pleurs, de biberon, de panique. Puis, elle mentionne s’être absentée pour un cours de conduite. Pendant deux heures, le bébé était seul avec son père.
Quand Brigitte interroge le jeune homme, sa version vacille. D’abord, une chute accidentelle sur un canapé. Puis une autre version : il l’aurait laissé tomber. Il nie avoir secoué l’enfant, mais ses réponses sèment le doute. Surtout, les scanners montrent des hématomes de dates différentes.
« C’est plus facile de dire qu’on a tombé son gamin, que de dire qu’on l’a… Oui, ça, c’est clair. » confie l’enquêtrice, lucide.
« Il prendrait tout sur lui »
Un témoignage fait basculer l’enquête. Celui de la grand-mère paternelle : « Il avait dit qu’il préférait prendre tout sur lui que ça retombe sur sa copine. »
La machine s’emballe. Les policiers fouillent l’appartement, interrogent les voisins : rien d’anormal. L’environnement familial semble sain. Et pourtant, ce bébé est grièvement blessé. Alors ils cherchent l’étincelle : fatigue, isolement, pleurs incessants. Et puis, un indice en pharmacie : de l’homéopathie contre les chocs, achetée pour un nourrisson.
Un aveu finit par surgir, arraché au terme de 48 heures de garde à vue. Le père craque :
« Je l’ai pris, la première fois je l’ai fait un coup. Donc, un coup, un aller-retour. […] Je l’ai fait deux fois. Et deux fois, il était plus fort, je pense. »
Des gestes qu’il minimise encore, mais qui, d’après les médecins, ont causé des lésions cérébrales irréversibles.
Une vérité brisée
Lors de la confrontation, le couple ne se regarde pas. C’est lui qui parle. Elle écoute, sidérée. Le bébé survivra, mais son cerveau est endommagé à vie.
Dans les commentaires, la douleur est partagée :
« Avec la fatigue et l’excès de cris, j’ai compris comment on pouvait arriver à secouer un enfant. Heureusement, ma sage-femme m’avait dit : « Si vous sentez que vous allez craquer, vous posez le bébé et vous partez dans une autre pièce. » Ce conseil a été un phare. »
D’autres, n’ont que deux mots : « Quelle horreur. »
Une fin sans consolation
Le père est mis en examen pour violences sur mineur. Il risque 15 ans de prison. La mère, elle, devra élever un enfant lourdement handicapé, tout en vivant avec le doute, la douleur… et l’irréversible.
Cette affaire est la septième du genre depuis le début de l’année à Clermont-Ferrand. Et la question reste : comment empêcher la prochaine ?
La vidéo est présentée ci-dessous ↓
Maltraitance en famille, quand la police doit obtenir des aveux
Crédit photo/vidéo: Youtube